Le Bureau politique de l'AFP s'est réuni le lundi 28 septembre 2009,
sous la présidence de M. Moustapha Niasse, Secrétaire général, autour de l'ordre du
jour suivant :
1. situation nationale ;
2. vie du Parti.
Le Bureau politique de l'AFP a examiné la situation nationale à la
lumière des derniers développements qui viennent confirmer le choix périlleux du
régime de Me Abdoulaye Wade consistant à conserver le pouvoir à tout prix, au mépris
des règles élémentaires qui sous-tendent toutes les démocraties modernes. Pour
poursuivre son mode de gouvernance malfaisant, Me Wade et ses affidés posent des actes
qui les rapprochent chaque jour davantage de l'extravagance et de la tragédie
caractéristiques des dictatures de triste mémoire.
Malgré une communication politique officielle lassante et
volontairement mensongère, la réalité est totalement différente de ce qui est servi
aux Sénégalais. C'est pourquoi, ceux-ci ont l'obligation de porter une attention
particulière sur la détérioration non seulement du climat politique qui prévaut dans
le pays, mais encore sur les frustrations créées par le grand vide, dans le domaine de
la gouvernance politique, quand les citoyens ont besoin de sécurité, de protection et de
voir respecter leurs droits, dans un pays libre et souverain, quand les inondations se
succèdent année après année, produisant des dégâts et multipliant les risques
d'épidémies à Dakar et dans d'autres agglomérations à l'intérieur du pays.
Les actions que mène, dans ces espaces, le pouvoir en place, sont
formatées à la tête du client. Les citoyens proches du régime sont traités
différemment, et l'impunité est devenue permanente dans les cas les plus flagrants de
violation de la loi. Ainsi, les cas de dénis de justice, les dossiers à contenu pénal
classés sans suite, le refus d'instruire des affaires pendantes, la non protection des
personnes et des biens face aux calamités naturelles et aux agressions de toutes sortes,
sont des dérives qui se produisent et qui se répètent, comme s'il s'était établi dans
notre pays une justice et une administration à deux vitesses, dans un processus flagrant
de discriminations dans le traitement des citoyens et de leurs droits.
Le développement économique et social du Sénégal est, aujourd'hui,
comme une boussole à l'arrêt. Les déclarations succèdent aux déclarations, l'artifice
est utilisé chaque jour pour annoncer aux Sénégalais des lendemains meilleurs, sans
plus. Les dépenses publiques de prestige et d'entretien d'une image du président de la
République sur la scène internationale, à la recherche d'on ne sait quel prix, par des
voyages répétés et qui ne produisent pas de résultats concrets en faveur des moyens
nécessaires à la croissance, tout ceci indique, avec évidence, que les priorités du
développement sont relégués au rang de virtualité dénuée de tout sens.
Hors de nos frontières, les ingérences malheureuses dans la politique
intérieure de pays voisins indisposent à la fois la communauté internationale et les
démocrates, à commencer par ceux du continent africain. Ces ingérences discréditent le
Sénégal et mettent en danger nos compatriotes vivant dans les pays concernés. Le
panafricanisme ne se confond pas avec l'agitation en tous sens, car la science politique
ne tolère pas les improvisations, les approximations, ni l'activisme dans la gestion des
intérêts d'un pays et d'une sous-région, lesquels se nourrissent aux sources de la
transparence, de l'honnêteté, de la générosité et de l'histoire.
Qu'il s'agisse de l'arrestation arbitraire des correspondants de la RFM
et de l'AS à Kaolack et Kaffrine, de la convocation de M. Mody Niang à la DIC, du sac de
Wal Fadjri, doublé d'exactions contre le personnel du groupe, du classement du dossier de
la tentative d'assassinat de M. Talla Sylla, le fil d'Ariane est bien visible : les
tenants du pouvoir sont en train de réaliser froidement leur projet d'exécution de notre
démocratie, en exerçant, à partir de leurs positions dans l'appareil d'Etat, une
violence multiforme et illégale sur les citoyens qui dénoncent la mal gouvernance, la
corruption et la tentative de monarchisation de notre système politique.
La rumeur savamment distillée au sujet de la suppression du second tour
de l'élection présidentielle n'est que l'expression caricaturale de l'état d'esprit de
dictateurs aux pieds d'argile. Inquiets de leur sort en fin de règne et soucieux de
préserver leurs arrières après dix ans d'affairisme effréné, ceux qui ont mis à
genou l'économie nationale et anémié le Trésor public perdent de plus en plus leur
lucidité, à l'image des piètres aventuriers du XXe siècle qui ont tous fini, à
quelques rares exception près, par rendre compte de leurs ignobles forfaitures à leurs
peuples qui, dos au mur, brisent les chaines intolérables de l'esclavage civique et
politique des temps modernes.
Si les apprentis sorciers franchissent le Rubicon en supprimant le
second tour de la présidentielle avec leur majorité factice et illégitime, le Bureau
politique de l'AFP les tient pour responsables de la déstabilisation de notre pays et de
tous les drames qui en découleraient. Le Bureau politique de l'AFP leur lance un
avertissement solennel, en les engageant à ne pas se méprendre sur sa détermination
ainsi que celle des responsables et militants du Parti à la base, à participer
activement, à tous les niveaux, à l'animation des foyers de résistance populaire. En un
mot comme en mille, l'idée de supprimer le second tour est inacceptable et rien ne sera
négligé pour lui barrer la route.
Toutes ces turpitudes des tenants du pouvoir se déroulent dans un
contexte marqué par le septième anniversaire de l'inoubliable tragédie du naufrage du
Joola. Le devoir de mémoire s'impose d'autant plus que Me Wade et son régime s'emploient
à éteindre la flamme du souvenir qui, tel l'il de Caïn, leur rappelle leur
responsabilité dans la disparition de quelque 2000 âmes dans des conditions atroces et
sans aucune forme d'assistance de l'Etat et de ses dirigeants, dans la nuit du 26
septembre 2002 au milieu de l'océan Atlantique. En effet, on ne soulignera jamais assez
que le pouvoir a pris la décision politique de remettre sur les eaux un bateau dont les
moteurs ont été réfectionnés pour environ 250 millions CFA, au même moment où des
dizaines de milliards ont été consacrés à la remise à neuf de l'avion présidentiel.
Le Bureau politique de l'AFP s'incline de nouveau devant la mémoire des
victimes et ré-exprime sa solidarité aux familles des disparus, tout particulièrement
aux jeunes orphelins en âge de scolarisation qui attendent encore de voir la réalisation
des promesses du gouvernement de Me Wade relatives à leur statut de pupilles de la
Nation.
Abordant le deuxième point de l'ordre du jour, le Bureau politique de
l'AFP a adressé ses vives félicitations aux camarades de l'ANCP et à leur coordinateur
M. Alioune Sarr qui ont organisé le 9 septembre 2009 à la Permanence une brillante
conférence sur la mal gouvernance des pseudo libéraux, conférence animée par notre
compatriote Mody Niang, écrivain, et le Dr Cheikh Tidiane Dièye du Forum civil.
Le Bureau politique a en plus pris connaissance des programmes
d'activités du Mouvement National des Jeunes pour le Progrès (MNJP) et du Mouvement
national des Femmes de l'Espoir et du Progrès (MOUNFEP), programmes articulés aux
exigences de l'heure et à l'agenda relatif au prochain Congrès de l'AFP.
Fait à Dakar, le 28
septembre 2009
Le Bureau politique
de l'AFP